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Distraídos venceremos en Books, L’actualité à la lumière des livres

La journaliste barcelonaise Andrea Valdés vient de publier un premier essai sous forme d’exercice d’admiration. Elle s’est intéressée à ceux qui ont « mis leur vie en danger par l’écriture », à ces auteurs qui se sont dévoilés dans leurs textes et se sont essayés au récit autobiographique. Distraídos venceremos (« Distraits nous vaincrons »), le titre du livre, est un clin d’œil appuyé à un recueil de poèmes de l’écrivain brésilien Paulo Leminski. Et cela n’est pas anodin : tous les auteurs convoqués par Valdés sont, à l’instar de Leminski, issus de la littérature sud-américaine. Si certains sont célèbres, comme l’homme de lettres uruguayen Mario Levrero, d’autres « restent complètement inconnus du monde éditorial castillan » pointe Óscar Brox dans le magazine culturel en ligne Détour. Tous ces écrivains, Valdés « les a rassemblés avec une patience d’entomologiste », ajoute Óscar Brox.

« Autohistoire », «auto-sociobiographie », « biomitographie »

Dans cet essai, Valdés interroge les mécanismes qui déclenchent l’écriture autobiographique et les diverses formes que ces textes « en je » peuvent revêtir. « Autohistoire », «auto-sociobiographie », « biomitographie » ; les termes abondent pour décrire les différentes manières dont les écrivains se saisissent de leur expérience vécue. Mais au sein de cette variété terminologique se trouve tout de même une constante : « Dans presque tous les cas, l’écriture a été une manière de “faire face”. D’apprendre à présenter un visage, oui, mais aussi d’affronter une vie dépourvue de sens, sans texte préalable, au cours de ce que nous appellerions une expérience traumatique », analyse Carlos Pardo dans Babelia, le supplément culturel du quotidien El País.

Textes « en je »

Valdés analyse par exemple le journal tenu par l’écrivaine Maura Lopes, en pointant l’impact qu’ont eu sur son travail ses séjours en hôpital psychiatrique. Valdés exhume également l’étrange projet de l’écrivain cubain Severo Sarduy consistant à se raconter par l’entremise de ses cicatrices. Dans un recueil de six textes qu’il a appelé « archéologie de la peau », il parcourt son corps de la tête aux pieds en faisant le récit de chacune de ses plaies plus ou moins refermées. Les références ainsi égrainées par Valdés sont très personnelles, elle met en lumière des auteurs oubliés ou peu lus. Une démarche qui fait de Distraídos venceremos « sa propre autobiographie de lectrice », selon Óscar Brox.

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